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 ARMOIRIES DE VANNES

Ma vie ... a ma vie

 «De gueule à une hermine au naturel, passante, accolée d'un manteau d'hermines doublé de toile d'or, voletant» : tel se définit le blason de la ville moulé dans le plâtre au frontispice de l'escalier de la mairie, de la porte Saint-Vincent, et reproduit sur le sceau qui authentifie les actes officiels. Un édit de Louis XIV (20 novembre 1696) avait conféré aux corps publics le «droit» d'armoiries... et le devoir de les faire enregistrer par le juge d'armes, Charles d'Hozier, qui percevait à cette occasion une taxe (acquittée par Vannes le 9 février 1697).
L'hermine avait été popularisée par le duc JeanIV qui baptisa de ce nom le château qu'il bâtit à Vannes et l'Ordre de Chevalerie qu'il fonda en 1381 (son siège fixé à la Chartreuse d'Auray) pour récompenser ses compagnons... et se concilier ses adversaires de la veille. A une tradition vieille de près de trois siècles, la Communauté de Vannes trouva donc l'emblème de son écu officiel, enveloppé d'un «manteau d'hermines», fourrure d'apparat des dues et des grands personnages (la trace en subsiste dans la robe des hauts magistrats).  Les lévriers rappellent ceux qui furent offerts à François 1er lorsqu'il vint à Vannes le 4 août 1532 pour le traité d'union perpétuelle: c'était le sens de la devise « A ma vie ».
 Or, il arriva qu'à l'ordonnance de LouisXVIII (26 septembre 1814) qui autorisa les villes à reprendre, après l'éclipse de la Révolution, leurs anciennes armes, Vannes ne put retrouver le titre de LouisXIV; mais invoquant la notoriété publique, elle envoya la reproduction d'un bouton d'uniforme... qui se trouvait être celui des comtes de Lannion, gouverneurs héréditaires de Vannes (la dignité s'éteignit avec Hyacinthe, mort en 1762 sans postérité mâle).  Il s'ensuivit une méprise, car aux armoiries des Lannion figurait une levrette qui ressemblait, si l'on n'y regardait pas de très près, à une hermine mal dessinée: à cette confusion la ville dut d'être alors symbolisée non par une hermine, mais par une levrette; et tant qu'à copier le bouton, les armoiries municipales furent aussi surmontées d'une couronne de comte qui orna le sceau officiel de la ville pendant une bonne partie du XIX siècle... aussi longtemps qu'il ne se trouva personne pour déceler l'erreur.

 La rectification s'opéra semble-t-il après la publication, par Alfred Lallemand, de son étude sur «Les origines historiques de la ville de Vannes».  La levrette fut alors remplacée discrètement par l'hermine, et la couronne de comte par la couronne murale commune à la plupart des villes de France:

à chacun le sien... à ma vie! 

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