VANNES
Préfecture du Morbihan, cité administrative, siège d'un évêché, ville industrielle, Vannes est, selon le mot de Jean de La Varende, une ville inconnue et charmante dont la grâce est une révélation. Et, de fait, Vannes recèle pour l'amateur de vieilles pierres et de promenades de multiples possibilités de découvertes.La ville, située au fond du golfe du Morbihan, fut un port actif. Son nom vient de la tribu celte des Vénètes qui résidait sur les rivages du golfe quand Jules César conquit la région. C'est du pays de Vannes que partaient les routes que le proconsul romain fit ouvrir à travers toute l'Armorique. Au 9ème siècle, Nominoë y proclama la Bretagne indépendante. Ironie de l'histoire : c'est ici, le 13 août 1532, que se fit son rattachement à la France. Puis le parlement de Bretagne s'y transporta quand Louis XIV le chassa de Rennes, en 1675 (v. Rennes). Pour visiter Vannes (Gwened en breton), on peut partir de l'hôtel de Limur (vers 1660), au Nord de la rue Thiers, où se trouvent le syndicat d'initiative et le musée de l'huître. On gagne, de là, la place Maurice-Marchais. Autour de ce quadrilatère s'ordonne une part importante de la vie urbaine. A l'Ouest, l'hôtel de ville est un bâtiment néo-renaissance de 1886.Sur le côté Nord de la place s'élève le collège qui a remplacé, en 1886, l'établissement religieux fondé en 1577 (école Saint-Yves). C'est ici qu'étudièrent le romancier Lesage, le prêtreécrivain Pierre Nourry (v. Bignan), le chouan Georges Cadoudal, le poète Brizeux, l'économiste Jules Simon - qui a donné son nom à l'établissement actuel - et l'aviateur Joseph Le Brix (1899-1931) qui réussit un tour du monde en passant par Rio (1 927) et trouva la mort dans l'Oural.
Vannes est la ville natale d'Emmanuel Desgrées du Loû (1867-1933) qui fut, avec l'abbé Félix Trochu (v. Coëtquidan et Rennes), un des fondateurs du quotidien « L'Ouest-Eclair ». La cité a également vu naître le journaliste et écrivain Louis Martin-Chauffier (1894-1980), le romancier Rémy (1904) et le cinéaste Alain Resnais (1922). A Vannes vit aussi l'historien Michel de Galzain (1918). Arthur de Richemont, qui fut compagnon de Jeanne d'Arc avant de devenir duc de Bretagne, en 1457, occupe, depuis 1905, une position équestre en face de la mairie. La rue EmileBurgault, qui débouche sur la place à l'opposé de l'hôtel de ville, conserve l'hôtel du Gouverneur (1655), au fond d'une impasse, et permet de parvenir à la place Henri IV que bordent des maisons à encorbellement. Rue Saint-Salomon, lapin (au no 10) et animaux fantastiques (no 13) ornent les façades de demeures du 16e. Attenante à la place, la rue des Halles possède d'autres maisons à colombages et la cohue (du breton koc'hu, halle), à l'architecture composite, où, pendant des siècles, les commerçants ont tenu boutique
A l'angle de la rue Noé, Vannes et sa femme, bons bourgeois à la mine réjouie, font la nique au visiteur. Flaubert les salua en 1846. Dans la même rue, on visitera le châteauGaillard. Ce manoir du début 15e fut siège du parlement de Bretagne de 1456 à 1532 ; il héberge actuellement un musée. Les plus intéressantes collections de ce musée datent de la préhistoire. Les outils paléolithique ne sont pas très nombreux. Abondent, en revanche, haches polies en pierres rares, bijoux de turquoise provenant de Carnac et de Locmariaquer, et poteries décorées. L'ère préhistorique fut une période particulièrement active en Morbihan. Des âges du fer et du bronze sont conservés colliers, bracelets, poignards, ustensiles domestiques et bijoux de verre. En sortant, voir dans la cour une stèle baptisée pierre de justice de Crac'h ; elle porte une inscription, partie en latin, partie en breton. Au no 17 de la rue des Orfèvres, une maison du 16e possède une statue de saint Vincent Ferrier, placée dans une niche sur la façade. Le prédicateur'dominicain espagnol, qui prêcha dans la région de 1417 à 1419, est enterré dans la cathédrale Saint-Pierre, que nous allons trouver en revenant un peu sur nos pas.
Ce sanctuaire a été rebâti en grande partie à l'époque flamboyante et restauré au 19e. De l'origine (13e), il reste la tour Nord de la façade ; une flèche lui a été adjointe à l'époque romantique. La nef est de 1450-1476, le choeur de 1774. La chapelle du Saint-Sacrement (1537) héberge la sépulture (1648) de Vincent Ferrier et abrite une tapisserie de 1615, représentant la vie du saint espagnol. On portera aussi attention au buffet d'orgues (17e) et au trésor. Dans la salle capitulaire (1782) ont été rassemblés des pièces d'orfèvrerie liturgique ancienne, notamment un rarissime coffre de mariage, du 12e, décoré de peintures.En sortant par le portail Nord de style flamboyant (1514), on pourra emprunter la rue des Chanoines pour se rendre par la Porte-Prison (15e), à l'église Saint-Patern (1727). On aura remarqué au passage, dans les rues avoisinantes (Saint-Gwénaël et de la Bienfaisance), des logis médiévaux parfois décorés. En redescendant par les rues Fontaines et Alain-Le Grand, on passe devant la préfecture (1 866) pour se diriger vers les remparts que borde un joli jardin. La muraille, surmontée par son appareil défensif, comprend des fragments de construction romaine (4e). Deux tours sont visibles : la Poudrière (16e) et la tour du Connétable (14e-15e), la plus élevée.
Face à cette portion de fortification subsiste, de l'autre côté de la rue Le-Pontois, la promenade de la Garenne où furent fusillés 22 chouans et personnalités royalistes en 1795. Mais il y eut, en tout, 374 exécutions à Vannes ou dans les environs. En longeant les remparts, on découvre les splendides lavoirs (17e-18e), situés sur le ruisseau de Rohan, et la porte Poterne, ouverte en 1680. Puis on arrive au port (la porte SaintVincent, de 1704, est visible sur la droite). En bordure du bassin quasi déserté, les demeures anciennes ne manquent pas. Le collège Saint-François-Xavier (chapelle du 17e) se trouve au bas de la rue Thiers, à l'Ouest du port. A proximité, sur la promenade de la Rabine, une statue a été dressée en l'honneur de Lesage. Pour revenir dans le centre-ville, on passe la porte Saint-Vincent et on emprunte l'impasse de la tour Trompette qui conduit à un jardin aménagé sur les remparts. De là, par la rue Le-Hellec, on rejoint la rue Thiers, à moins que l'on ne préfère quitter le port par la rue qui porte son nom, après avoir vu l'ancien évêché (171), devenu centre culturel. De la place Maurice-Marchais, on gagne au Nord le palais des Arts qui a remplacé.l'abattoir en 1971.